Un numéro sur le travail des artistes et la place qu'accordent les musées au devoir de mémoire, notamment concernant l'Holocauste.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe et le monde occidental peinent à regarder l'événement monstrueux que fut le génocide. Mais, depuis quelques décennies, la tendance tend à s'inverser. Une injonction s'impose : « Plus jamais ça ! » À côté de la lente prise de conscience de l'Holocauste, d'autres conflits et d'autres violences extrêmes sont requalifiés de « génocides ». De proche en proche, des « lieux de mémoire » sont aménagés sur le site du « crime » ou exposés dans les musées. Cette politique de la mémoire invite aux cultes mémoriaux, religieux ou civils. Manière d'arracher une image au désastre ; manière aussi de rendre justice aux victimes ; manière enfin de donner à voir la violence et l'abjection de l'Événement, sans toujours parvenir à le rendre intelligible. Aujourd'hui, l'omniprésence d'un passé que l'on décline en termes de commémoration, de compassion, de repentance ou de réparation, remplit et déborde ces lieux de mémoire. Le souvenir du passé est désormais devenu un enjeu des relations internationales ainsi qu'un instrument des nationalismes et de la « gouvernance globale ». Ce dossier « Sismographie des terreurs » est complété d'une étude sur un programme de l'Unesco de l'après-guerre consacré au racisme.